États généraux : les festivals se réinventent à l’heure de la crise sanitaire
En organisant les États généraux des festivals, le ministère de la Culture a donné la parole aux professionnels du secteur. Avec une ambition : réinventer le modèle des festivals.
Bien sûr, cet intérêt est le signe d’un besoin immédiat : la crise sanitaire, on le sait, a frappé de plein fouet l’écosystème des festivals, entraînant annulations et reports en cascade. « Aujourd’hui, a souligné la ministre de la Culture lors de son intervention d’ouverture, la situation des festivals demeure marquée par l’incertitude, l’ombre de la pandémie continue de planer. Je sais que cette situation suscite chez vous beaucoup d’inquiétude et de remise en question ».
Pour répondre à ces besoins urgents, le gouvernement s’est d’ores et déjà mobilisé « en créant cet été un fonds festival doté de 10 M€ et confié aux DRAC pour sa mise en œuvre ». « Ce fonds sera prolongé en 2021, il bénéficiera d’une première enveloppe de 5 M€ qui permettra d’apporter un soutien aux organisateurs des festivals les plus touchés par la crise et les accompagner dans la mise en œuvre des événements de 2021 », a assuré la ministre. Autre sujet brûlant : les difficultés d’application de la circulaire du ministère de l’Intérieur concernant l’indemnisation des services d’ordre des manifestations culturelles (dite « circulaire Collomb »). Face à ses difficultés, un moratoire a été arrêté jusqu’au 31 décembre 2020 en attendant de parvenir à une amélioration du dispositif. Il sera « reconduit » si la situation sanitaire l’impose, a précisé la ministre.
Création, territoires, public
La crise sanitaire a également eu un effet indirect en révélant « aux yeux de tous », selon la ministre de la Culture, « l’importance des festivals dans la vie de notre pays ». Pourtant, le travail en profondeur des festivals, dont l’impact est considérable en termes de création artistique, de renouvellement des publics, de rayonnement territorial et de retombées économiques et touristiques, reste souvent peu ou mal connu. Pour cette raison – c’était la seconde ambition de ces états généraux – il faut être en mesure d’envisager les « enjeux d’avenir » des festivals et de « réinterroger leur accompagnement par l’État ».
Un festival, qu’est-ce que c’est précisément ?, s’est demandé Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique à l’université Paris-Ouest-Nanterre, en s’appliquant à dresser un « panorama des festivals », ces organismes aux mille visages. Extension des domaines d’intervention artistique, importance de l’inscription territoriale, rôle des aventures collectives, les festivals sont à la fois, selon lui, « des espace-temps d’intensification de l’expérience esthétique et sociale » mais aussi « des fabriques d’images et de politiques culturelles ». Sans oublier la place déterminante du public : selon l’édition 2020 de l’enquête sur les pratiques culturelles des Français publiée par le département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture, « 19% des Français » déclarent fréquenter un festival chaque année. C’est « un public récidiviste, d’une fidélité inouïe », s’est réjoui Emmanuel Wallon.
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