Égalité femmes-hommes : des projets inspirants à découvrir

Il n’est pas toujours évident de savoir comment faire bouger les lignes au travail vers plus d’égalité femmes-hommes. Comment déceler les situations où les écarts de rémunération, de parcours ou de santé au travail sont mis en évidence ? Comment fédérer autour de ce sujet et passer à l’action? Découvrez quelques-uns des vingt projets soutenus par le Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact). Voyez ce qu’ils et elles ont réussi à faire, à leur échelle.

Préparer des salades prêtes à l’emploi ou des quenelles, découper des volailles, conditionner du jambon sec. Parmi ces tâches propres à l’industrie agro-alimentaire, certaines sont culturellement assignées aux hommes, d’autres aux femmes, sans réelle remise en question. C’est pour démêler conditions de travail et stéréotypes liés au sexe que le projet porté par l’association sectorielle Auvergne-Rhône-Alpes-Gourmand (Arag) a été mis sur pied. Il implique plusieurs acteurs de la santé au travail (Carsat, STHV…) et de la qualité de vie au travail (Aract, consultante…), avec le soutien du Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact) dans le cadre de son appel à projet « Agir en faveur de l’égalité professionnelle et de la mixité » lancé en 2018.

La pénibilité des tâches féminines sous-estimée

C’est un ergonome qui a ausculté les conditions dans lesquelles les tâches étaient effectuées par les travailleuses et les travailleurs, en observant notamment les effets sur leur santé – comme les troubles musculo-squelettiques -. « Il n’y a pas de mixité dans les tâches. Les femmes sont assignées à celles que l’on s’imagine plus adaptées car il n’y a pas de port de charge, mais elles sont très répétitives. La pénibilité de ces tâches était sous-estimée », explique Karine Babule, chargée de mission à l’Anact, spécialiste des questions d’égalité professionnelle femmes-hommes. Un diagnostic intéressant pour l’industrie agro-alimentaire.

« Ils n’ont pas seulement regardé les écarts de rémunération et de parcours, mais les indicateurs de santé au travail et les impacts sur les conditions de travail. », complète Florence Chappert, qui travaille depuis longtemps sur le projet « Genre, égalité, santé et conditions de travail » à l’Anact.

Le secteur agro-alimentaire n’est bien sûr pas le seul à être concerné par la non-mixité des métiers et des tâches au sein des mêmes métiers. Le Centre d’information sur le droit des femmes et des familles (CIDFF) du Rhône a voulu élargir la diversité des profils dans plusieurs structures d’insertion. Dans ce sens, le travail d’un ergonome a permis de sensibiliser à la distinction entre métiers, conditions de travail et compétences réelles requises.

Des conditions de travail qui favorisent les violences sexistes

Quid du secteur culturel dont on sait que les pratiques sexistes sont fréquentes ? « Il est important d’avoir une approche culturelle, organisationnelle et managériale. Car ce sont bien les conditions de travail et d’emploi (marges de manœuvre, précarité…) qui constituent le terreau des violences sexistes et sexuelles, avec les supérieurs, les pairs et les partenaires et publics », commente Karine Babule. Occitanie en Scène, a porté une démarche de sensibilisation singulière par son niveau d’intervention, celui d’un secteur, au niveau d’un territoire.

« De nouveaux secteurs, comme les services à la personne, ultra-féminisés, font des efforts en la matière », analyse Florence Chappert. L’Espace social a voulu, avec l’association Titanes, briser les tabous en commençant par une série d’entretiens auprès de travailleuses de ce secteur pour comprendre leurs situations de travail et pour avancer vers des solutions adaptées. « Ce sont des contextes où les modalités d’organisation sont propices aux violences sexuelles et sexistes : ce sont des femmes qui interviennent dans la sphère privée, de manière isolée au domicile du patient ou du client, il n’y a pas de collectif à disposition et il y a une dépendance économique avec des emplois précaires », détaille Karine Babule.

Sensibiliser aux réalités des personnes LGBT+

Les questions d’inégalité femmes-hommes ne doivent pas être abordées isolément, elles peuvent en effet se cumuler avec des discriminations liées à l’âge, l’origine culturelle, l’état de santé, l’apparence physique, l’orientation sexuelle

Si l’on se tourne vers la question de l’intersexualité, on se rend compte qu’elle est invisible dans la sphère professionnelle. L’association ABC Trajectoire, spécialiste des question LGBT+ en milieu professionnel, essaie de faire bouger les lignes, avec pour leitmotiv – « éduquer, c’est banaliser ». Le financement du FACT a ici permis d’organiser un colloque et de produire des documents de sensibilisation afin de favoriser l’inclusion des personnes LGBT+ en milieu professionnel.

Agir de manière collective au niveau d’un territoire

Autre levier de l’innovation en matière d’égalité professionnelle : la dimension collective de l’action. « Aujourd’hui les questions de prévention, d’égalité ne peuvent plus se traiter seulement au niveau de l’entreprise. C’est un périmètre plus large qu’il faut mobiliser », relève Florence Chappert.

Les clubs d’entreprises Cœur de Retz (54 entreprises) et Guérande Atlantique (100 entreprises) s’y sont attelés pour encourager des diagnostics sur les conditions de travail des femmes et des hommes. Ces actions ont aussi mobilisé les collectivités locales, des partenaires institutionnels et des experts. « Avoir des conditions de travail qui favorisent l’égalité professionnelle est un argument pour attirer des compétences qui manquent aux entreprises sur certains territoires », souligne Florence Chappert.

La prise en compte de l’égalité professionnelle femmes-hommes fait son chemin, requestionnée par une crise sanitaire qui creuse les écarts (lire notre article). « Avec le développement de nouvelles organisations en lien avec le télétravail, il y a une aubaine pour anticiper les impacts sur les conditions de travail des femmes et des hommes. Souvent, on ne pense pas ce lien avec l’égalité professionnelle femmes-hommes, pourtant c’est là que l’on peut intervenir, en amont », conclut Karine Babule. Une invitation à observer autrement le travail.

>> A lire prochainement : l’ensemble des projets retenus pour cet appel à projet  « Agir en faveur de l’égalité professionnelle et de la mixité » dans le cadre du FACT.

En savoir plus sur le Fonds pour l’amélioration des conditions de travail

Lire l’article sur le site de l’Anact.