Entretien avec la marraine d’Affranchies#2 : Isabelle Reiher
– Vous êtes marraine de la deuxième édition du programme de mentorat féminin Affranchies! porté par Métiers Culture en Centre-Val de Loire. Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
Je ne connaissais pas du tout ce programme à la base. J’ai été assez séduite par l’idée de ce marrainage et très sensible au fait que des professionnelles accompagnent des plus jeunes dans leur parcours afin de leur donner confiance et expérience. J’ai trouvé ça extrêmement intéressant car je suis aussi à un moment dans ma carrière où je me souviens de mes débuts.
Il y a donc deux raisons pour lesquelles j’ai accepté :
La première est que j’ai vraiment eu beaucoup d’attrait pour le fond du projet, de part son contenu et ses objectifs qui sont importants pour les femmes, aujourd’hui, dans la vie professionnelle. Le fait d’être accompagner par quelqu’un qui a plus d’expérience que soi, de partager du concret, dans une démarche profondément humaine, sur un temps assez long permettant d’amener une vraie authenticité dans la relation, c’est très précieux. Il existe d’autres formes d’accompagnement, mais, c’est souvent un peu artificiel et on est souvent laisser à soi-même.. Avec Affranchies, c’est plus profond et j’y suis vraiment sensible.
La deuxième raison, c’est que ce programme de mentorat est ouvert aux arts visuels en plus des autres secteurs culturels, j’ai donc vraiment été sensible au fait que l’on vienne me chercher pour ça.
– Auriez-vous aimé participer à ce type de dispositif à vos débuts ?
Oui justement, j’ai eu un parcours un peu chaotique dont on reparlera plus tard. Je me suis posée énormément de questions, j’ai commencé par une formation en droit puis je me suis ensuite redirigée vers l’histoire de l’art. J’ai quitté le Canada, mon pays de naissance, pour étudier en France où je ne connaissais personne… J’étais toute seule et un peu perdue. Si j’avais pu participer à ce type de dispositif, j’aurais gagner énormément de temps.. Évidement, j’ai fini par m’en sortir, en allant vers les gens et en faisant beaucoup de stages mais c’est vrai qu’un dispositif comme celui-ci m’aurait permis d’aller plus vite et surtout d’aller au fond des choses grâce à l’expérience partagée d’une autre professionnelle.
– Affranchies! est un dispositif qui aide les femmes à s’insérer dans le secteur culturel en Centre-Val de Loire. Que pensez-vous de la place qu’occupe les femmes dans le milieu et du développement de ce type de dispositif ?
Je pense que la place des femmes dans le milieu culturel est importante et essentielle. Je côtoie beaucoup de femmes dans le secteur des arts visuels et je trouve qu’elles ont bien trouvé leur place même s’il reste du chemin à faire. J’ai l’impression que l’on fait de plus en plus confiance aux femmes et qu’elles ont leur mot à dire dans les arts visuels et contemporains, elles sont vraiment présentes contrairement au spectacle vivant où apparemment les inégalités sont peut-être plus marquées.
La différence que je constate se ressent plus au niveau des artistes femmes. On va trouver plus facilement des directrices, des administratrices ou des médiatrices que des artistes, qui ont plus de mal à être représentées par des galeries ou vendues sur le marché de l’art par exemple.
Mais ça change énormément car on fait des gros efforts pour faire un vrai rééquilibrage et avoir une égalité femmes/hommes dans les programmations.
Le développement des dispositifs comme Affranchies donne confiance pour s’imposer là ou les hommes ont trop longtemps occuper la première place. Les réflexes changent.
– Nous sommes à un peu plus de la moitié du parcours pour la promotion de cette année, que retenez-vous des bénéficiaires de cette édition ?
Ce que je retiens c’est une vraie diversité dans les binômes, avec une superbe entente, on dirait qu’elles se sont vraiment rencontrées.
Je n’ai pas eu assez de temps avec elles malheureusement, mais j’ai beaucoup aimé quand elles sont venues au CCCOD et qu’on a échangé, j’ai découvert toute la profondeur qui me plait dans ce dispositif. Je trouve vraiment que c’est un dispositif vivant, avec beaucoup d’authenticité, d’humanité et de confiance dans les relations créées. J’ai l’impression que ces relations vont durer, au-delà de cette année de travail.
De plus, on dirait vraiment qu’il y a plusieurs types d’objectifs. Soit très précis. Soit assez large, notamment pour les binômes d’arts visuels, avec une volonté de mise en confiance, de dialogue et de création d’un vrai réseau. Par exemple, l’expérience au niveau international et le relationnel de Karine, montre comment c’est possible de tisser sa toile à plus large échelle à sa mentorée, plus jeune dans le domaine. Dans les arts visuels, on se sent souvent isolée, donc c’est très important d’apprendre à tisser son réseau.
Pour conclure, ce qui me touche le plus dans cette promotion, c’est cette diversité, cette humanité, ce caractère vivant et le fait de savoir que ça ira surement plus loin que cette année de travail.
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