La formation des bénévoles et des salariés de l’ESS est un enjeu régional

L’ESS en région représente un emploi sur dix dans l’ensemble des secteurs d’activités.

La synthèse des préconisations du CESER donne des indications claires sur les développements souhaités dans notre région :

  • pour le Conseil régional : affirmer son statut de chef de file moteur de l’ESS,
  • offrir un accompagnement technique et financier similaire à celui proposé aux entreprises dites« classiques »,
  • faire de l’insertion une volonté politique au service des territoires et des personnes,
  • faire face aux départs massifs à la retraite dans les dix années à venir et maintenir le tissu des entreprises locales,
  • accompagner la professionnalisation des acteurs de l’ESS.

Extraits de la Contribution :

L’économie sociale et solidaire est un vecteur pour faire émerger des filières courtes ou locales.
Elle permet de s’attaquer sur le territoire régional aux causes et conséquences des inégalités telles
que l’accès aux savoirs, à la culture, à la qualification, à la prévention et aux soins, à la mobilité, aux droits, à l’emploi.

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La non délocalisation des emplois
Un ancrage territorial fort et un rôle pionnier dans la détection des nouveaux besoins sociaux.
L’ESS est créatrice d’activités et d’emplois non délocalisables.
Sa présence particulièrement forte dans les espaces ruraux témoigne de son rôle fondamental en matière de cohérence et de cohésion territoriale.
Elle permet ainsi de limiter la fragilité de certains territoires (quartiers prioritaires,milieux ruraux, zones en désindustrialisation…) à la fois par sa participation au maintien et à la relocalisation d’activités et services de proximité mais également par sa capacité, d’une part à créer des aménités propres à renforcer l’attractivité et la vitalité des territoires, d’autre part à favoriser la cohésion sociale et les solidarités locales.
Moteur de dynamiques collectives, elle consolide et dynamise le tissu socio-économique.
En proposant des solutions locales et adaptées face aux grandes évolutions de la société, au plus près des besoins des habitants, elle a un rôle novateur et pionnier dans l’émergence de nouvelles activités et la détection de nouveaux besoins sociaux (silver économie / services aux personnes âgées, transition écologique et énergétique et agriculture responsable, déplacements doux…) ainsi que dans la valorisation des ressources et des savoir-faire locaux (économie circulaire, développement des circuits courts et économie de la fonctionnalité).

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PARTIE VI LA FORMATION DES SALARIÉS ET DES BÉNÉVOLES DE L’ESS
La transversalité de l’ESS rend difficile l’appréhension des enjeux de formation de manière globale.
Néanmoins, deux enjeux transversaux peuvent être pointés :

  • l’enjeu de renouvellement lié aux nombreux départs en retraite dans les dix prochaines années, en particulier au niveau de l’encadrement et dans le secteur sanitaire et social ;
  • l’ESS présente un grand nombre de métiers en tension et des besoins en emplois importants à anticiper. Un rapprochement entre les besoins en emplois et l’offre de formation initiale doivent être privilégiés, sans nuire pour autant à la demande sociale des territoires ;
  • un besoin fort de professionnalisation et de formation des dirigeants, managers et bénévoles à la tête de fonctions nécessitant des compétences solides en matière de gestion et sur les fonctions RH.

En effet, les bénévoles ont besoin de développer des compétences qu’ils n’ont pas forcément au départ. Dans les associations par exemple, ils ne sont pas prioritairement formés à gérer une entreprise alors qu’ils ont à traiter des questions de gestion financière, de relations humaines…
Ces enjeux se heurtent à une insuffisance des budgets alloués à la formation pour les petites structures ou les secteurs ne bénéficiant pas de contrat d’objectif qui pénalise l’exigence de professionnalisation des entreprises de l’ESS.

[…] Pour les salariés et bénévoles de petites associations, il est parfois difficile de trouver une formation qui ne soit pas trop éloignée, ou qui soit bien adaptée aux problématiques rencontrées. Aussi, la systématisation des marchés publics sur le champ de la formation, qui a pour conséquence d’en réduire l’accès aux seuls gros organismes de formation, disposant d’ingénierie lourde pour répondre aux appels d’offres, écarte de fait, de petits organismes de formation, qui, à niveau de prestation égale, pourraient faire preuve de souplesse pour s’adapter aux spécificités des besoins.
Le compte d’engagement citoyen (CEC), créé par la loi du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, a vocation à recenser les « activités bénévoles ou de partenariat de son titulaire » : service civique, réserve militaire, réserve communale de sécurité civile, réserve sanitaire, activité de maître d’apprentissage, activités de bénévolat associatif, volontariat dans les corps de sapeurs-pompiers.

Le CEC permet d’acquérir :

  • des « heures inscrites sur le compte personnel de formation à raison de l’exercice de ces activités » ;
  • des «jours de congés destinés à l’exercice de ces activités ».

Pour chacune des activités énumérées, le décret du 28 décembre 2016 relatif au CEC fixe une durée minimale permettant l’acquisition de 20 heures inscrites sur le CPF dans la limite d’un plafond de 60 heures.
[…]

PARTIE VIII LE BÉNÉVOLAT, UNE ACTIVITÉ À FAVORISER ET À METTRE EN VALEUR
L’engagement bénévole obéit à des motivations diverses et complexes. La première des motivations identifiées renvoie à un comportement altruiste d’ »utilité sociale » dépourvu de contrepartie si ce n’est symbolique -reconnaissance, dignité, fierté-. Les valeurs de citoyenneté, de don de soi et d’engagement au service des autres, et notamment des plus fragiles, demeurent fortes chez les bénévoles.
Leur objectif peut parallèlement être de « tester » une vocation ou de contrebalancer l’exercice, par ailleurs, d’un métier vécu comme peu épanouissant ou manquant de « sens ».
En outre, dans de nombreux cas, l’engagement bénévole résulte moins d’un choix isolé que d’interactions sociales, au premier rang desquelles le rôle déterminant joué par la famille ou les groupes de pairs : en 2010, 48,9 % des Français de 15 à 18 ans dont les parents pratiquaient une activité bénévole faisaient de même, contre 27,7 % pour les autres.

La participation des activités bénévoles peut également être motivée par le souhait d’acquérir une expérience, des compétences ou une légitimité professionnelle susceptibles, par la suite, d’être mobilisées dans une recherche d’emploi ou une stratégie de carrière.
C’est l’un des fondements du service civique.
En 2010, 32 % des Français de plus de 18 ans étaient engagés dans une activité bénévole dans le domaine sportif, humanitaire, économique, écologique, culturel ou social.
Ce nombre, qui ne cesse de croître depuis 20 ans, place la France dans la moyenne européenne et concerne des situations extrêmement diverses (degré d’implication des individus, taille des associations concernées, domaines d’intervention, etc.).
En faisant de 2011 l’année du bénévolat et du volontariat, l’Union européenne visait précisément à encourager l’engagement des citoyens, mais aussi à favoriser l’intégration professionnelle des Jeunes.
De manière générale, le bénévolat permet de concilier intérêts individuels et intérêts collectifs.
Il est cependant confronté aux défis de l’individualisme et du vieillissement de la population.
Le bénévolat s’inscrit également dans un contexte d’évolution du monde du travail et des modalités d’action des pouvoirs publics, qui invitent à questionner les conditions de son exercice.
Dès lors, comment promouvoir l’engagement bénévole et comment soutenir les nouvelles formes de bénévolat adaptées aux mutations économiques et sociétales, sans risquer de trop l’encadrer ou de trop l’institutionnaliser ?

a. La question de la valorisation de l’activité bénévole
Des efforts pour faire une place aux jeunes sont nécessaires afin de pérenniser leur engagement, notamment par le biais de formations leur permettant d’exercer des fonctions de dirigeants bénévoles. De telles formations sont dispensées soit en interne par les associations, soit par certaines fédérations, mais aussi par les points d’appui à la vie associative.
Souvent portés par le mouvement associatif, ces centres de ressources proposent conseils, accompagnements, formations gratuites aux bénévoles et perçoivent pour cela des fonds régionaux et nationaux.
Par ailleurs, afin d’accompagner un renouvellement et un rajeunissement des responsables associatifs, il est indispensable de lever certains freins à l’engagement au regard des responsabilités juridiques que ceux-ci doivent assumer. Cela fait réapparaître le souhait de voir enfin aboutir un statut du bénévole qui apporterait de la sécurité aux associations.

b. Des expérimentations à imaginer pour encourager le bénévolat
Encourager le bénévolat par des actions plus particulièrement ciblées sur les jeunes et les retraités actifs, grâce à :

  • la mise en place d’ateliers d’information et de sensibilisation pour les jeunes retraités lors de la liquidation, de leurs droits à la retraite ;
  • des actions de sensibilisation sur les avantages du bénévolat auprès des jeunes ;
  • encourager l’engagement bénévole dans les cursus scolaires ou supérieurs et intégrer cette notion dans certains parcours d’enseignement ;
  • valoriser les parcours bénévoles, notamment en promouvant le CV par compétences (les compétences acquises en pratiquant une activité bénévole sont également mobilisables dans ta sphère professionnelle).

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Source : Contribution du Ceser à la Stratégie Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire