France compétences publie sa première enquête sur le déploiement de Qualiopi

L’engagement des prestataires de formation reste motivé par l’enjeu économique, au détriment d’une logique d’amélioration continue.

Dans huit mois, un organisme de formation désireux de mobiliser des fonds publics ou mutualisés devra être certifié Qualiopi. Dans le cadre de ses missions d’évaluation et de régulation, France compétences a publié le 28 avril les résultats de son enquête qualitative sur le déploiement de la nouvelle démarche qualité portée par la réforme de 2018. Réalisée entre juin et octobre 2020 auprès d’un échantillon de prestataires de formation, de certificateurs et de financeurs, elle dresse un premier bilan de l’impact de Qualiopi. Les principaux enseignements avaient été dévoilés lors de la Matinée d’actualité organisée par Centre Inffo le 21 janvier dernier.

Le profil des pionniers

La première génération de certifiés Qualiopi est dominée par des prestataires de formation déjà familiers de la démarche qualité et dont la part du chiffre d’affaires issu des fonds mutualisés ou publics dépasse 50%. A noter, toutefois, l’engagement de quelques « nouveaux entrants ». Ces derniers anticipent la promotion de la maque Qualiopi comme critère de différentiation et de sélection sur le marché privé ou un repositionnement de leur activité sur la commande publique afin de saisir les opportunités du plan de relance. Un certain nombre de candidats à Qualiopi ont différé leur projet en raison de la crise née de la pandémie de coronavirus. Ce retard dans le déploiement de Qualiopi fait craindre aux certificateurs un goulot d’étranglement et un risque plus élevé de non-conformité de candidats moins aguerris à l’exercice de l’audit dans les derniers mois de 2021.

La question du coût

Les retardataires s’interrogent sur la stratégie à adopter entre nouer des partenariats, être absorbée par une structure déjà certifiée ou encore intervenir en sous-traitance sur les marchés exigeant Qualiopi. Le coût de la démarche Qualiopi pèsera lourd sur leur décision. Les prestataires de formation s’attendent à devoir mobiliser des ressources financières et humaines (de l’ordre de deux semaines à trois mois d’un temps plein). A cela, il faut ajouter la facture du certificateur dont les tarifs jour se situent entre 800 euros et 1 500 euros hors frais de déplacement ou de réservation d’une période d’audit. Plusieurs sondés s’inquiètent du nombre de contrôles dont ils font l’objet. De leur côté, les financeurs interrogés appréhendent la valeur ajoutée de Qualiopi et son impact sur leurs politiques d’achat et de contrôle.

Promouvoir une culture de la qualité

Reste, selon l’enquête de France compétences, un pari important à gagner. En effet, la logique d’amélioration continue inscrite dans la nouvelle démarché qualité ne s’est pas généralisée. Certains prestataires de formation voient dans Qualiopi un levier pour structurer leur activité et engager des process qualité au sein de leur organisation. D’autres, à l’opposé, la réduisent à une contrainte réglementaire et privilégient une approche court-termiste de mise en conformité. D’autres adoptent une attitude intermédiaire. A travers cet acte 2 de la qualité, la réforme de 2018 porte l’ambition d’une montée en gamme pérenne de l’offre de formation soutenue par une culture de la qualité.

Par Catherine Trocquemé (Centre inffo pour Défi métiers)