Le nouveau programme Erasmus+ mise sur la formation professionnelle
Un programme plus ambitieux, plus ouvert et plus inclusif, c’est l’objectif que se fixe l’agence Erasmus+ France, qui présentait, le 14 janvier dernier, le bilan de la période 2014-2020 et les perspectives de la période 2021-2027.
Entre 2014 et 2020, 740 000 apprenants – 107 000 rien qu’en 2020 – ont pu bénéficier du programme Erasmus+ en France, dont 164 000 pour le volet « formation professionnelle » (apprenants et formateurs). « Les retours des apprenants sont très positifs, précise Laure Coudret-Laut, directrice de l’agence Erasmus+ France. 90 % nous disent avoir gagné en autonomie, dans la maîtrise d’une autre langue et dans les compétences transversales, grâce à leur expérience, même courte, à l’étranger. »
Par ailleurs, les mobilités, lorsqu’elles sont longues, permettent aussi de gagner en compétences « métier ». Si elles restent minoritaires pour l’instant, l’agence Erasmus+ compte bien les développer dans les années à venir. Pour l’eurodéputée Laurence Farreng (Renew Europe), membre de la commission Culture et Education, c’est même « un enjeu du nouveau programme ». Cela nécessite, selon Sébastien Thierry, directeur adjoint d’Erasmus+ France, d’aller vers davantage de « reconnaissance de la mobilité dans le parcours professionnel », comme cela a pu être fait avec la création d’une unité facultative « mobilité » pour le Bac professionnel.
Des centres d’excellence professionnelle
Le nouveau programme Erasmus+ vise à mettre l’accent sur la formation professionnelle et les publics fragiles, dans le but « d’aller vers la parité entre l’éducation générale et la voie de l’apprentissage ». Ainsi, 21,5 % du budget total sont alloués à la formation professionnelle et permettront de financer davantage de mobilités. La mise en place systématique de référents Erasmus+ dans les CFA devrait permettre à plus d’apprentis de connaître et de bénéficier du programme. 53 % du public Erasmus+ sont des élèves de la voie professionnelle, parmi lesquels on compte 30 % d’alternants dont 23 % d’apprentis et 7 % de contrats de professionnalisation. 16 % sont stagiaires de la formation professionnelle (dont les demandeurs d’emploi de tous âges), les autres sont notamment des jeunes de Missions locales. Le nouveau programme Erasmus+ vise aussi à élargir ce public de bénéficiaires adultes. En outre, à partir de 2021, les destinations hors Europe seront également accessibles aux mobilités de la formation professionnelle, comme c’est déjà le cas pour l’enseignement supérieur.
Au niveau européen, l’élaboration de 50 centres d’excellence professionnelle doit permettre le développement de plateformes de coopération entre les centres de formation et les entreprises, organisées autour de thématiques particulières, afin de créer des points de référence de renommée mondiale pour la formation professionnelle. « Nous en attendons beaucoup, explique Sébastien Thierry, car il faut rappeler que la voie professionnelle est aussi une voie d’excellence. »
Alors que 60 % des apprenants de la formation professionnelle en Erasmus+ étaient déjà des jeunes d’origine sociale populaire, le nouveau programme vise à faire encore davantage pour eux. Avec des mobilités possibles désormais dès le collège, une part plus importante de la population pourra avoir une première expérience à l’étranger. Par ailleurs, l’accès sera également facilité pour les petites structures pour que les élèves et étudiants de tout type d’établissement puissent bénéficier du programme.
Sarah Nafti (Centre Inffo pour Défi métiers)