Quelques questions à Stanislas Souedet à propos de la certification professionnelle de « Booker·euse – Chargé·e de diffusion »

Les Formations d’Issoudun viennent de valider la certification professionnelle de « Booker·euse – Chargé·e de diffusion ». Métiers Culture a posé quelques questions à Stanislas Souedet, directeur du développement des formations, sur le cheminement qui a permis à LFI d’obtenir cette nouvelle certification.

Obtenir cette certification a dû représenter une quantité de travail conséquente ? 


Oui, effectivement, avec une grande diversité de compétences et beaucoup de temps. LFI a une longue expérience des certifications, mais depuis la refonte majeure de 2020, il faut redoubler d’efforts pour être validé par France Compétences. Le processus d’élaboration de cette certification a comporté quatre phases principales : 


  1. Argumentation : Prouver que la formation est nécessaire. 

  2. Définition de la notion de Booker·euse : Élaborer un référentiel d’activités, de 
compétences, d’évaluation et de critères. 

  3. Données statistiques : Analyser les statistiques des personnes bénéficiant de la 
formation. 

  4. Validation des acquis par l’expérience (VAE) : Intégrer et évaluer les acquis 
professionnels des candidats. 


Peux-tu nous expliquer les étapes préalables depuis ces quatre phases jusqu’à l’obtention ?

Le processus a été très long et s’est déroulé en plusieurs étapes :

  • Constat initial : Nous avons observé que de nombreuses personnes sollicitaient des booker·euses. Il était donc essentiel de déterminer si une formation était nécessaire pour répondre à cette demande. 
  • Création de la formation : Nous avons développé une formation avec l’objectif de déposer une certification. Il a fallu ensuite réfléchir à la manière de financer cette formation dans un domaine peu ou pas reconnu. 
  • Financement : Étant donné le manque de formations existantes dans le domaine du booking, nous avons obtenu des financements grâce au Programme régional de Formation de la région Centre-Val de Loire, rendant ainsi la formation économiquement viable. Certaines entreprises ont également payé la formation pour leurs salarié·es. 
  • Dépôt et réponse : Nous avons déposé la demande de certification en décembre et reçu la réponse de France Compétences en mai, soit après seulement 5 mois… Ce qui est très rapide. 
  • Reconnaissance officielle : Nous avons reçu un avis favorable du jury, et désormais, le métier de Booker·euse est officiellement reconnu par le ministère du Travail 

Quelles ont été les difficultés rencontrées ? 

Il n’y a pas eu trop de difficultés, et l’équipe est ravie du résultat. Nous nous améliorons d’année en année. Bien sûr, tout projet d’une telle envergure comporte des défis, notre engagement nous a permis de les surmonter efficacement.

Les Formations d’Issoudun sont habituée à déposer des demandes de certifications pour ses formations. Qu’est-ce qui a changé pour celle-ci ? 


France Compétences fait constamment évoluer les critères et les attentes. En conséquence, la qualité des dossiers déposés doit s’améliorer continuellement. Cette évolution demande une adaptation constante de notre part pour répondre aux nouvelles exigences. Nous devons désormais fournir des argumentations plus détaillées, des référentiels de compétences plus précis et des analyses statistiques plus approfondies. L’accent est mis sur la démonstration de la pertinence et de l’impact de la formation, ce qui nous pousse à être plus rigoureux et méthodiques dans la préparation de nos dossiers. 


Quel rôle ont joué les professionnel·les du secteur de la diffusion dans l’élaboration de cette certification ?

Un rôle crucial ! Dans un premier temps, nous avons procédé à une analyse approfondie de leur travail en allant à leur rencontre pour découvrir et étudier leurs activités quotidiennes. Cette démarche nous a permis de comprendre les attentes des directeur·ices et de cerner précisément le travail attendu.

Nous avons également effectué une analyse plus concrète de l’écart entre ce que les professionnel·les pensent faire et ce qu’ils font réellement. L’objectif était de faire ressortir les compétences pures, sans se baser uniquement sur les ressentis. Ensuite, les professionnel·les ont été sollicité·es de manière continue, car toutes les personnes impliquées dans la formation sont elles-mêmes des expertes du métier. Leur expertise pratique a été essentielle pour définir les compétences nécessaires et les critères d’évaluation.

Pour le dépôt de la certification, certain·es professionnel·les ont été consulté·es pour donner leur avis sur le dossier et le référentiel soumis. Leurs remarques ont été précieuses pour affiner et valider le contenu de la formation, garantissant ainsi qu’elle réponde aux besoins réels du secteur.

Le PRODISS et le SMA ont rédigé un courrier pour soutenir notre démarche auprès de France Compétence suite à la validation du référentiel par leurs adhérent·es.

En quoi cette certification va contribuer à renforcer la professionnalisation du métier de « Booker·euse » ?

Cette certification y contribue de manière de plusieurs façons : 

  1. Reconnaissance officielle : Le métier de « Booker·euse » est désormais reconnu par le ministère du Travail et France Compétences. Cette reconnaissance officielle confère une légitimité au métier et en souligne l’importance et la valeur sur le marché du travail. 

  2. Standardisation des compétences : La certification établit des standards clairs pour les compétences et les connaissances nécessaires à l’exercice du métier. Cela permet d’uniformiser les pratiques et de garantir un niveau de compétence élevé parmi les professionnels certifiés. 

  3. Amélioration de la formation : En étant soumis à des critères rigoureux pour l’obtention de la certification, les programmes de formation doivent constamment évoluer et s’adapter pour répondre aux exigences actuelles du secteur. Cela assure une formation de qualité, actualisée et pertinente. 

  4. Accès à des opportunités de financement : La reconnaissance par des organismes officiels permet aux formations de bénéficier de financements publics ou privés, rendant la formation accessible à un plus grand nombre de personnes et encourageant les entreprises à investir dans la formation de leurs salariés. 

  5. Réponse à un métier en tension : Le métier de « Booker·euse » est en tension, ce qui signifie qu’il y a une forte demande pour des professionnel·les qualifié·es. La certification permet de former et de certifier des individus compétents, capables de répondre efficacement aux besoins du marché. Cela contribue à réduire la pénurie de compétences dans ce domaine. 

  6. Validation des acquis de l’expérience (VAE) : La certification intègre également la VAE, permettant aux professionnel·les en activité de faire reconnaître leurs compétences et leur expérience. Cela facilite leur progression de carrière et renforce la professionnalisation du secteur. 


En résumé, cette certification apporte une structure, une reconnaissance et un niveau de qualité qui sont essentiels pour la professionnalisation du métier de « Booker·euse », répondant ainsi aux exigences du marché et aux attentes des employeurs. 

Comment cela va contribuer à la reconnaissance et à la valorisation des compétences des professionnels de la diffusion dans le milieu culturel ?

Cela joue un rôle essentiel dans la reconnaissance et la valorisation des compétences de ces personnes, notamment pour un secteur relativement jeune et doté de spécificités particulières. Sa reconnaissance officielle confère une légitimité tangible à un métier souvent méconnu ou mal compris. 

Le métier de « Booker·euse » est parfois mal perçu dans le domaine culturel en raison de son aspect commercial, mais il est important de reconnaître le côté artistique et les compétences réelles des professionnel·les dans ce domaine. Cette certification permet de mettre en lumière ces compétences artistiques et techniques, contribuant ainsi à une meilleure compréhension et appréciation de leur travail au sein de la communauté culturelle.

De plus, la certification peut être utilisée comme un moyen de promouvoir les valeurs et engagements spécifiques du secteur culturel. Par exemple, en intégrant des critères liés à l’inclusivité, à la parité, à la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ou à l’accessibilité pour les personnes handicapées, cette certification peut jouer un rôle actif dans la promotion de pratiques plus éthiques et durables dans le milieu culturel.

En adoptant une approche holistique de la certification, qui va au-delà de la simple validation des compétences techniques, nous pouvons contribuer à créer un environnement de travail plus équilibré, respectueux et épanouissant pour les professionnels de la diffusion dans le milieu culturel. C’est ainsi que nous pouvons véritablement faire avancer les choses et promouvoir une culture de valorisation et de reconnaissance des compétences dans notre secteur.

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