Une méthodologie pour évaluer les performances des organismes de formation (Dares)

La Dares en collaboration avec Pôle emploi a engagé des travaux pour mesurer la valeur ajoutée des prestataires de formation qui accueillent des stagiaires demandeurs d’emploi.

Quelle est la valeur ajoutée des organismes de formation dans le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi ? C’est le thème des travaux menés par la Dares en collaboration avec Pôle emploi. […] Ce projet vise à construire des indicateurs permettant de déterminer si les prestataires de formation ont apporté aux stagiaires des connaissance et des capacités qui les ont aidés à retrouver un emploi. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la loi du 5 septembre 2018 et de la création de France compétences, dont l’une des missions est « de publier des indicateurs permettant d’apprécier la valeur ajoutée des actions de formation ».

Facteurs qui influent sur l’employabilité

Pour décrire les performances des organismes de formation, l’étude a retenu l’indicateur d’accès à l’emploi à six mois, c’est-à-dire l’accès à un emploi d’un mois minimum dans les six mois qui suivent la sortie de formation. Dans ce cadre, la valeur ajoutée de l’organisme de formation est déterminée par son action propre sur l’employabilité des demandeurs d’emploi formés. Cela nécessite de prendre en compte l’ensemble des facteurs qui influent sur l’employabilité de la personne : caractéristiques du bénéficiaire (demandeur d’emploi récent ou de longue durée, niveau de formation initiale, âge, sexe, catégorie socio-professionnelle de l’emploi recherché…) ou de la formation suivie (objectif, dispositif de financement, durée…).

Un taux d’accès à l’emploi très variable

En effet, les taux d’accès à l’emploi sont très diversifiés selon le domaine. Les demandeurs d’emploi ayant suivi une formation relevant du domaine des sciences, des échanges et de la gestion, des services à la personne ou encore de la transformation semblent davantage retrouver un emploi salarié six mois après la fin de leur formation. A contrario, les formations générales, lettres et langues, arts et agriculture affichent les plus faibles taux de retour à l’emploi, moins bons que la moyenne. En outre, les demandeurs d’emploi entre 20 et 49 ans retrouvent plus facilement un emploi dans les six mois que ceux de moins de 20 ans et de plus de 55 ans, tout comme les femmes et les personnes qui recherchent en emploi de cadre.

Caractéristiques individuelles et contexte local pris en compte

A partir de ces données, la Dares a estimé une probabilité individuelle de retour à l’emploi, qui a permis de formuler un attendu au niveau de l’organisme de formation. […]

Performances attendues et performances constatées

La modélisation des taux attendus est ensuite confrontée aux taux constatés pour déterminer des valeurs ajoutées. Par exemple, si, au sein de l’organisme A, 20 des 26 stagiaires ayant terminé leur formation en 2018 ont trouvé un emploi dans les six mois suivant leur sortie de formation, cela correspond à un taux de retour à l’emploi de 77 %. Le taux d’accès à l’emploi attendu était de 69 % par rapport aux organismes comparables au plan national. Son taux d’accès à l’emploi est ainsi supérieur de huit points au taux attendu en référence nationale. Ces huit points correspondent à sa valeur ajoutée. […]

Cette étude, inspirée de ce qui existe déjà pour estimer la valeur ajoutée des établissements scolaires, tente de proposer une méthodologie d’évaluation des organismes de formation qui accueillent des demandeurs d’emploi. Car s’il existe des études pour mesurer l’impact de la formation sur le retour à l’emploi des personnes en recherche d’emploi, il n’existe que peu de travaux s’interrogeant sur l’efficacité du prestataire de formation en termes de retour à l’emploi du public accueilli.

« Les organismes de formation des demandeurs d’emploi, des effets différenciés sur l’accès à l’emploi ? »

Sarah Nafti (Centre Inffo pour Défi métiers)