Formation et progression professionnelle : quelles logiques pour les femmes et les hommes ?
Les formations que suivent les femmes s’inscrivent plus souvent en amont d’un changement professionnel, alors que celles des hommes visent plus fréquemment l’adaptation à un poste ou à un matériel.
L’inégal accès des femmes et des hommes à la formation professionnelle résulte en partie de leur inégale répartition dans les métiers et les secteurs, qui offrent des opportunités de formation différents. Mais au-delà de ces différences d’accès, les actions de formation se déroulent-elles avec les mêmes objectifs pour les femmes et les hommes ? Ont-elles les mêmes effets sur leur évolution professionnelle ? Sont-elles plus fréquentes en préparation d’une mobilité ou après une promotion ou un changement de poste ? La présente étude éclaire ces questions en exploitant les calendriers d’activité et de formation sur cinq ans retracés dans l’enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) menée par l’Insee en 2014 et 2015.
L’effet de la formation sur l’évolution professionnelle est délicat à évaluer en raison d’un potentiel risque d’endogénéité. Si la formation peut être un préalable à une mobilité professionnelle, elle peut aussi en être une conséquence en permettant d’acquérir ou de valider des compétences et des savoir-faire nécessaires au nouveau poste.
En moyenne, entre 2010 et 2015, les salariés participent plus souvent à des formations suite à un changement professionnel, de fonction ou d’entreprise, ou à une promotion. Les formations que suivent les femmes s’inscrivent cependant plus souvent en amont d’un changement professionnel, alors que celles des hommes visent plus fréquemment l’adaptation à un poste ou à un matériel.
Une formation d’au moins 18 heures a des effets contrastés sur l’évolution professionnelle. Pour les femmes cadres et professions intermédiaires, elle est plus souvent associée à une amélioration de la situation professionnelle, notamment dans le cadre d’un changement d’entreprise. Pour les hommes employés et ouvriers, la formation n’aurait pas d’effet propre sur la progression professionnelle, mais témoignerait plutôt d’un renforcement du lien entre le salarié et son entreprise. Enfin, pour les salariés restés dans la même entreprise sur la période 2010 – 2015, la formation n’aurait pas d’effet sur la progression professionnelle, ni pour les femmes, ni pour les hommes.
Les logiques liant formation et progression professionnelle qui prévalent sur la première moitié des années 2010 apparaissent ainsi différentes pour les femmes et les hommes salariés et fonctions de leur groupe socioprofessionnel. Ces constats doivent être considérés au regard du contexte particulier de cette période marquée par la crise de 2008.