Covid-19 : Des pistes pour accompagner la reprise d’activité des personnes particulièrement à risques

Dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, les pouvoirs publics ont identifié parmi la population active des personnes particulièrement à risque. Quelles sont-elles?

Parmi la population active, sont considérées comme personnes à risque les femmes enceintes au troisième trimestre et les personnes atteintes d’une maladie chronique ou fragilisant leur système immunitaire (maladie cardio-vasculaire, diabète, obésité, pathologie chronique respiratoire ou cancer, …). Ces dernières représentent habituellement 15 % de la population active.

Pour identifier et mieux protéger ces personnes à risque, certains employeurs envisagent actuellement de sonder leurs équipes par questionnaire ou entretien individuel pour savoir qui est concerné. Or il faut rester vigilant car cela touche au secret médical : la décision de dire ou de ne pas dire appartient au salarié.

Dire qu’on est à risque c’est parfois révéler une situation que l’on a jusqu’à présent gardé pour soi de peur d’être évincé, stigmatisé. La période nous a montré que la parole peut et doit se libérer. Mais à la condition qu’existe un cadre sécurisant pour les personnes malades comme pour les personnes ressources qui dans l’entreprise vont contribuer à trouver des solutions. Pour créer ce cadre, l’employeur peut se faire aider par le médecin du travail ou d’autres acteurs du maintien dans l’emploi.

Par ailleurs, au-delà de l’accompagnement des personnes à risque, qui nécessite des précautions particulières, la vulnérabilité concerne potentiellement tout le monde. Cela plaide à court terme pour la mise en place des mesures les plus protectrices possibles pour tous, et à plus long terme pour la construction de nouvelles organisations du travail qui rende le travail plus soutenable pour toutes et tous.

Quelles questions se posent pour maintenir les personnes à risque dans le cadre professionnel dans la période actuelle?

La crise a accéléré la nécessité de parler des questions de maintien en emploi et de mettre concrètement le sujet sur la table.

Nous constatons que les solutions trouvées par les entreprises pour concilier préservation de la santé et continuité de l’activité ont souvent été organisationnelles pendant le confinement : elles portent sur le télétravail, bien sûr, mais aussi sur l’aménagement des horaires, des rythmes de travail, des modes coopération. Ces solutions étaient trop rarement explorées jusqu’alors pour faciliter le travail des personnes en fragilité, les mesures se concentraient en effet trop souvent sur le seul aménagement de poste, nécessaire mais insuffisant. C’est intéressant de montrer qu’il a été possible d’actionner ces leviers. L’enjeu est désormais d’en tirer les enseignements.

Par exemple, sur le choix du télétravail comme moyen de protection des personnes à risque, l’entreprise a tout à gagner à amorcer une réflexion plus globale en identifiant les activités qui peuvent être réalisées à distance ou nécessitant le présentiel et en interrogeant les moyens et conditions nécessaires à cette organisation.

Cette réflexion permet ainsi de dépasser les cas particuliers pour concerner l’équipe. En effet, quand une personne malade exprime ses difficultés au travail, elle évoque souvent des sujets qui parlent à tous : rythme de travail, amplitudes horaires, besoin de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Ces difficultés sont simplement plus compliquées à réguler pour la personne malade.

Quelles sont les préconisations du réseau Anact-Aract pour accompagner les personnes à risque dans cette période et plus largement sur le maintien dans l’emploi?

Une des premières mesures à prendre, c’est de conserver un lien avec tous les salariés (à distance ou en présentiel) pour pouvoir avoir connaissance des difficultés rencontrées, pouvoir agir et répondre aux questions que chacun peut se poser en cherchant des solutions en concertation avec le préventeur, le RH, le manager, sans oublier les collègues.

Autre mesure importante pour l’employeur, c’est de s’assurer que tous les canaux de régulation de l’entreprise fonctionnent correctement : entre collègues, entre salariés et représentant du CSE, entre salariés et managers de proximité. Il s’agit de faciliter la remontée des difficultés rencontrées et il s’agit également pour l’employeur de ne pas rester seul, de solliciter l’appui de ressources extérieures et de s’appuyer sur des personnes ressources en interne (en présentiel ou à distance).

Il est important d’associer à ce projet les représentants du personnel. L’entreprise peut même aller jusqu’à négocier un accord qui permettra de sortir d’une logique individuelle de traitement au cas par cas pour aller vers une véritable politique d’entreprise.

L’idée est de structurer une véritable démarche préventive durable de maintien dans l’emploi des personnes atteintes de maladies chroniques qui permettra une libération de la parole : si je suis à risque, dans la période actuelle et au-delà, à qui puis-je m’adresser ? Comment m’assurer que demande sera bien accueillie et qu’elle déclenchera une recherche de solutions ?

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