La professionnalisation permanente des acteurs de la formation

Le Réseau des universités pour la formation permanente (Rumef) a posé la question de la qualification au regard de la dernière réforme de la formation, dans une table ronde dédiée le 18 mars.

Changement de posture pour les conseils en évolution professionnelle, évolution des animateurs formation continue (AFC) du Gréta, devenus conseillers formation continue (CFC), expérimentation de l’Afest à Lille, autant de thématiques ont abordées dans cette session riche d’enseignements.

Françoise Dablin, CFC au Gréta des Hauts-de-Seine et en doctorat à l’université Paris-Est Créteil, travaille sur l’évolution des CFC depuis leur création. Elle pointe une dynamique de professionnalisation/déprofessionnalisation : la première, car contraints de faire évoluer leurs pratiques face à l’apparition d’un marché concurrentiel, devant répondre aux appels d’offres pour obtenir les financements publics, les CFC ont dû acquérir de nouvelles compétences. Et la seconde, car « l’animation » a disparu dès 1975, avec l’abandon du face-à-face personnel, ce que les « anciens » vivent comme une perte de compétences, avec en parallèle la réduction des temps de formation et moins de conseil à délivrer aux entreprises, qui se sont dotées de services RH…

Entre ces tensions internes et externes, bon an mal an, les CFC continuent d’exister. Pour Raymond Vatier, créateur des Gréta (interrogé pour ce travail), ces phases successives de professionnalisation/déprofessionnalisation ont permis le maintien de cette fonction au sein du ministère de l’Éducation nationale. Leur objectif initial étant de servir d’intermédiation entre le monde extérieur et le monde éducatif.

Contraintes externes

Autre professionnelle/universitaire, Marie-Hélène Doublet (CIBC Sud-Aquitaine et université de Tours) a présenté une recherche-action en cours sur la professionnalisation des conseils en évolution professionnelle (CEP), l’accompagnement des actifs en situation de travail ayant été confié à des opérateurs privés régionaux depuis la réforme. Rappelant le caractère institutionnel fort avec le cadrage de France compétences, elle relève l’enjeu de créer une coopération entre les acteurs, venant d’équipes diverses.

Créés en 2014, les CEP doivent avoir une posture de « facilitateur », en lien avec la notion d’autonomisation des personnes. Si la professionnalisation vise ces pratiques et postures professionnelles, le matériel est complexe : « Difficilement formalisable », relevant de la sphère personnelle, ne s’enseignant pas véritablement… Selon plusieurs rapports successifs du Cnefop, la « posture n’est toujours pas installée ». Et France compétences a relevé que 25% des personnes poursuivent l’accompagnement après un premier niveau de CEP et qu’il fallait « travailler les postures professionnelles de l’ensemble de l’équipe notamment sur l’activité d’analyse partagée de situation ». À l’aide de courtes sessions de formation et de mises en situation, Marie-Hélène Doublet espère proposer des savoirs à visée de changement…

Expérimentation

Pour Lucie Petit (université de Lille), l’expérimentation menée à Lille autour de l’Afest et de la professionnalisation des acteurs de la formation, qui a concerné quatre demandeurs d’emploi au lieu des dix-huit envisagés au départ (problèmes de mobilité, crise sanitaire, prérequis manquants…), soulève la nécessité de former les formateurs à la dynamique de l’Afest. Ils restent trop centrés sur « l’emploi » plutôt que sur le « travail », selon la chercheuse « co-actrice » du dispositif. Pour elle, « il faut déconstruire certaines habitudes d’ingénierie », afin d’observer le travail en vue de la formation.

Programme du colloque Rumef et résumé des communications

Christelle Destombes (Centre inffo pour Défi métiers)