Le CESE donne un avis sur les reconversions professionnelles

Au moment où ces lignes sont écrites, la fin de la pandémie de Sars-cov 2 qui a débuté un an auparavant n’est toujours pas en vue et le processus vaccinal nécessaire à l’immunité des populations prendra du temps. Par-delà son caractère conjoncturel, cette crise de dimension mondiale génère, comme toute crise, des risques et des ruptures ainsi que des innovations et des opportunités.

Nos sociétés sont amenées à vivre de profondes transformations liées notamment à l’impératif écologique et aux bouleversements numériques et technologiques. D’un côté, la question de l’urgence climatique et du déclin massif de la biodiversité s’est imposée dans le débat public et conduit à des évolutions sans précédent de nos modes de production, de consommation et de distribution. De l’autre, la transition numérique déjà en cours « bouleverse progressivement chaque aspect de l’économie et de la société » et constitue un processus en constante évolution. Ces transformations appellent donc à penser les questions liées à la reconversion professionnelle dans une dimension prospective.

Des transformations sont également observées dans d’autres domaines comme la recherche, l’organisation de la production et du commerce, nos modes de vie, l’aménagement du territoire, les politiques du logement et du transport.

Cette crise aura provoqué une montée brutale du chômage. Elle conduit à traiter la question des reconversions professionnelles dans une approche qui s’inscrit désormais sur le temps long, celui qui va d’un changement d’emploi à un changement de métier. Ces transformations de l’emploi et des métiers nous invitent à placer la valorisation des compétences et la gestion active des transitions professionnelles en référence permanente à la question du travail lui-même et à la place centrale qu’il occupe dans la vie des femmes et des hommes.

C’est dans ce contexte que le CESE souhaite aborder le thème des reconversions professionnelles. Peu après son avis de 2003 sur « La place du travail », il constatait déjà en 2007 dans son avis sur « La sécurisation des parcours professionnels » l’importance d’anticiper et d’accompagner les changements de métiers et d’emplois que la plupart des actifs connaissent désormais souvent au cours d’une vie professionnelle. Le terme de « reconversion professionnelle » couvre aujourd’hui des situations très variées, ce dont témoigne la définition de son objet, récemment introduite dans le Code du travail. La loi du 5 septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel précise que « la reconversion ou la promotion par alternance a pour objet de permettre au salarié de changer de métier ou de profession, ou de bénéficier d’une promotion sociale ou professionnelle par des actions de formation« . En élargissant la notion de reconversion professionnelle au-delà du cadre où la cantonnait le droit du travail – à savoir les actions de reconversion en vue d’un reclassement en cas de suppression d’emploi pour un motif économique – le législateur a fait œuvre utile

Au-delà des seuls salariés, l’enjeu des reconversions concerne l’ensemble de la population active, y compris les non-salariés et les personnes en recherche d’emploi. Parmi ces dernières, il convient de porter une attention particulière aux jeunes primo-arrivants sur le marché du travail que la formation initiale n’a pas positionnés sur une activité ou un métier offrant suffisamment d’opportunités. Il faut aussi s’intéresser aux personnes en deuxième partie de carrière, dont les qualifications initiales ne sont plus reconnues ou qui, notamment pour une question de pénibilité, changent de métier.

`Le besoin d’anticipation et d’accompagnement des reconversions professionnelles doit s’inscrire dans un tableau plus large : celui des grandes transitions économique, sociale et écologique qui ont des conséquences pour l’ensemble des activités professionnelles et sur notre environnement.

Comment et dans quelle mesure le cours de ces transitions est-il affecté par la pandémie, s’en trouve-t-il accéléré, ralenti ou détourné ? Les enjeux de reconversions professionnelles des travailleurs et de réorganisations des entreprises induits par ces mutations structurelles se conçoivent-ils différemment dans la crise ou doivent-ils être reformulés ?

Cet avis se centre sur les reconversions dans le secteur privé, non sans attirer l’attention sur l’importance de la réalisation d’un travail comparable pour la fonction publique. Il évoque, en premier lieu, dans toute sa complexité, le contexte dans lequel s’inscrivent les reconversions professionnelles en cherchant à identifier les transformations économiques, techniques, écologiques, sociodémographiques de l’activité auxquelles elles doivent répondre ou devront répondre dans un avenir proche. Il présente ensuite les dispositifs d’accompagnement et de formation, collectifs et individuels, qui peuvent être mobilisés dans les reconversions professionnelles. Il s’interroge sur leur temporalité, leur complémentarité et leur cohérence d’ensemble. Enfin, l’avis recherche des voies d’amélioration de ces dispositifs dans un objectif d’anticipation des transformations structurelles de l’activité et d’appui aux politiques conçues pour les encadrer (transition numérique, transition démographique) ou pour les faire advenir (transition écologique). A cet égard, il souligne l’intérêt de renforcer l’exercice de prospective générale des emplois, des métiers et des qualifications.

Lire l’intégralité de l’avis du CESE de Florian Compain & Bernard Vivier ICI.