L’Office National de Diffusion Artistique (ONDA) allège ses critères d’accompagnement et soutient la création numérique

Alors que la reprise est inégale selon les secteurs de la filière, l’Office National de Diffusion Artistique (ONDA) s’adapte pour soutenir le surplus de spectacles en tournée. Entrée en poste cette année, sa directrice Cécile Le Vaguerèse-Marie lance aussi un appel à projets pour encourager la communication numérique autour des créations sur scène.

Comment se mobilise l’ONDA pour accompagner cette reprise disparate ?

Nous nous sommes retrouvés plus dotés, comme d’autres, et nous avons fait un effort financier, ainsi qu’un effort de compréhension – tout comme des lieux de diffusion ont payé des sessions qui n’ont pas eu lieu, par solidarité. La masse de reports a donné lieu à des saisons bien plus denses et a nécessité un assouplissement de nos critères d’accompagnement et d’aide à la diffusion. Nous craignons néanmoins un effet boomerang sur 2022 et 2023, où les calendriers de bien des lieux sont déjà pleins.

Que retenez-vous de cette reprise, depuis la vue panoramique que vous avez sur le secteur à l’ONDA ?

C’est très inégal, très différent selon les lieux et les territoires. La question de la fréquentation revient beaucoup, mais elle ne date pas d’hier, soyons francs. Certains lieux, certaines programmations, ont toujours rempli, et ce avec leurs clientèles attitrées, qui ne bouge pas ou peu. Des salles clairsemées, il y en a toujours eu ; seulement, cela se disait moins.

La situation est particulière parce que des habitudes semblent avoir été prises avec les grands écrans et les offres numériques pendant les confinements. En parallèle, les abonnements disparaissent parce que les gens planifient moins après cette grande expérience d’incertitude que nous avons traversé. C’est déstabilisant pour les lieux de diffusion, même si tous n’enregistrent pas les mêmes pertes, et ne reposent pas sur la billetterie dans les mêmes proportions.

Actuellement, rien n’est fixé, tout le monde observe des mutations qui n’ont pas encore pris forme, il faudra du temps pour comprendre ce qui a changé et comment, mais nous ne reviendrons pas au fonctionnement d’avant. Pendant ce temps, certaines compagnies jouent devant 15 personnes, les esthétiques les plus exigeantes sont souvent les plus vulnérables, et c’est dur, naturellement.

Voyez-vous la temporalité des créations changer ?

Pas encore, mais l’expérience de la crise la questionne. Quand les lieux étaient fermés, les plateaux ont été ouverts à la création, et les compagnies s’en sont emparés, naturellement. Peut-être eut-il été préférable qu’elles soient en période de recherche et qu’elles créent donc maintenant, pour éviter cette saturation aujourd’hui. Cela repose la question du cahier des charges des compagnies conventionnées, qui sont tenues de produire parfois sans avoir eu assez de temps de recherche et de répétition, et présentent des créations peu abouties. D’autres, qui ont les moyens de le faire, travaillent sur un projet, en changent, reviennent dessus plus tard, au gré de la création artistique.

Le numérique s’est imposé comme outil incontournable dans les arts vivants. Comment l’ONDA accompagne-t-il cette évolution ?

Nous avons été approchés pour participer au plan de relance numérique, et nous avons cherché une façon de nous mettre au service de cette évolution sans être un simple guichet – l’ONDA collabore avec des lieux de diffusion, pas directement avec les compagnies. Le CNC aide déjà à la captation des spectacles, ce n’est donc pas notre rôle. Nous lançons donc Écran Vivant, un appel à projets en matière de médiation numérique (capsules, teasers, webséries, documentaires, captations, suppléments au travail de plateau) dans le champ du spectacle vivant.

Ces supports ne se substituent en rien à la création et à la rencontre, mais il s’agit de chercher de nouvelles façons de communiquer sur les arts vivants en utilisant des canaux où ils sont peu présents jusque là. Le dispositif entend aider les lieux et les compagnies à le faire professionnellement, et non pas en bricolant. Il y a un niveau d’exigence en ligne, et donner envie de voir par des contenus vidéos un travail scénique nécessite beaucoup de créativité.

Ainsi, nous soutenons à hauteur de 80 % le budget d’une captation, et nous prenons en compte le temps de répétition consacré à la production de tout élément de communication numérique. Le plafond est situé à 25 000 euros. Le programme est rétroactif, il est donc possible de réclamer cette aide pour des contenus déjà produits à condition qu’ils soient toujours exploités et le soient encore à l’avenir. La date limite de dépôt est le 3 décembre.

Retrouvez l’information rédigée par Thomas Corlin sur le site internet : « https://www.culturematin.com ».